Analyse du discours

La typologie discursive selon Dominique Maingueneau

Dominique Maingueneau a tenté de proposer un modèle de classification qui intègre les principaux critères pour déterminer les discours, c'est-à-dire un ensemble de caractéristiques qui nous permet de classer les discours dans tel ou tel type. Il propose ainsi la taxinomie ou bien la typologie suivante :

Typologie communicationnelle

Le principe qui sous-tend la classification discursive dans cette première catégorie est le but communicatif de l'énoncé. La classification, dans cette première catégorie, se fait en se basant sur les fonctions du langage et les fonctions sociales. Toutefois, la barrière entre ces deux classes est très fine, ce qui rend parfois difficile d'établir une distinction claire et nette.

1.1. Par fonction du langage

Chaque acte de communication est animé par une intention ; lorsque nous parlons, un objectif guide notre utilisation du langage. Le classement se fait en fonction de l'objectif communicatif prédominant dans le discours, en s'appuyant sur les fonctions définies par Jakobson : référentielle, conative, phatique, poétique, métalinguistique et émotive.

Le discours est interactif :

Avant, il y avait une représentation, selon laquelle l'interaction est une production verbale qui nécessite la présence physique des interactants qui débattent autour d'une thématique donnée. Mais avec Maingueneau et Charaudeau, l'interaction est une caractéristique intrinsèque à tout discours, qu'il soit oral ou écrit, car on construit un discours toujours par rapport à une instance réceptrice même dans le cas d'un discours écrit. Parfois, lors de la rédaction d'un message, il arrive qu'on commence à écrire puis on efface, en se disant, par exemple, "elle pourrait le comprendre différemment". Ce processus démontre une interaction en cours, illustrant ainsi que le discours est fondamentalement interactif, même dans le contexte de la production écrite.

Exemple

- Dans les textes dominés par fonction conative (tracts publicitaires, modes d'emploi, consignes), le locuteur s'efforce d'agir sur autrui.- Dans les grammaires et dictionnaires, la fonction est davantage d'ordre métalinguistique (la langue se prend elle-même pour objet)

Par fonction sociale

À la différence de la catégorie précédente dont les représentants sont principalement des spécialistes en sciences du langage et en communication, celle-ci représente un classement suggéré par des chercheurs provenant des autres champs disciplinaires, à savoir la sociologie et l'anthropologie. Pour eux, la méthode la plus adéquate est celle qui consiste à classer les discours selon leurs fonctions sociales. (découpages de la société en secteurs d'activité).

La typologie de la situation de la communication

Cette deuxième typologie regroupe les discours qui se classent en fonction de la situation de communication. Autrement dit, ceux qui relèvent « des dispositifs de communication qui ne peuvent apparaître que si certaines conditions sociohistoriques sont réunies » (Maingueneau, 1998, p. 47)[1]. L'entretien d'embauche, par exemple, suppose l'existence d'une entreprise, d'un postulant qui est à la recherche d'un emploi, et finalement d'une personne chargée à poser des questions pour vérifier si les compétences dont dispose le candidat correspondent au poste ouvert au recrutement. Du pareil au même pour le débat politique, qui nécessite la présence d'un animateur qui gère le temps et partage les tours de parole, des candidats de partis souvent opposés, et un but à atteindre qui est la propagation des idéologies et la persuasion du public-électeurs.

En ce sens, il importe de noter que les genres discursifs de la situation de communication diffèrent de la typologie communicationnelle par leur instabilité et leur dimension socioculturelle. Le débat politique de l'entre-deux tours, à titre d'exemple, est un genre médiatique français qui est apparu en 1974, précisément avec le face à face entre les deux candidats finalistes (Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand). Aujourd'hui, il est devenu une tradition propre aux élections présidentielles françaises. Par contre, les genres comme le politique, le scientifique et le journalistique demeurent toujours invariables, c'est-à-dire identiques, quel que soit le moment et le lieu.

  1. R3

    Maingueneau, 1998, p 47.

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