Les figures de style
Les figures de style
Lorsqu’un écrivain choisit de désigner ce monument par un terme autre que le terme habituel. Toute figure de style se définit ainsi par un écart par rapport ô la façon ordinaire de nommer le réel ou d'exprimer une idée, un sentiment. Présentes dans tous les genres et pas seulement la poésie, les figures de style apportent au texte une force d'évocation et provoquent l'émotion du lecteur.
1. Les figures d'analogie : Elles rapprochent deux éléments, créant entre eux un rapport d'analogie, c'est-à-dire de ressemblance. Ces figures fondées sur l'analogie créent ce qu'on appelle couramment les images.
La comparaison et la métaphore
Elles rapprochent deux termes en établissant une ressemblance.
A- La comparaison le fait explicitement (ouvertement) grâce à l'emploi d'outils de comparaison explicites : comme, de même que, etc.
La terre est bleue comme une orange (Eluard)
-+ La comparaison souligne ici l'incongruité. La ville n'est pas un lieu naturel pour l'arbre, comme la cité ne l'est pas pour le «Je ».
B- La métaphore est une comparaison sans outil de comparaison.
Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques
Qui ne recèlent point de secrets précieux ;
Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques... (Baudelaire)
(< écrins ), est une métaphore fondée sur une ressemblance de fonction, « médaillions », sur une ressemblance d'aspect et de fonction.
La personnification :elle consiste à attribuer à une chose ou à un animal, les caractéristiques d'une personne humaine. Elle est centrée sur les faits, les gestes, les actions.
Nature berce-le chaudement il a froid (Rimbaud, Le dormeur du val)
Le poète a personnifié le soleil en lui attribuant un trait humain , il fait une action( bercer) une personne .Ici, le soleil est considéré comme une maman qui berce son bébé
La prosopopée :fait parler les absents, les morts, les êtres surnaturels ou les êtres inanimés.
. Bonjour, dit le renard.
– Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
– Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
– Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli…
– Je suis un renard, dit le renard.
– Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste…
– Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis
pas apprivoisé. (Saint-Exupéry, Le Petit Prince)
le renard , un animal qui converse avec le petit prince,
il est capable de parler comme les humains.
Le symbole est un objet choisi pour signifier l'une de ses qualités dominantes :
L'eau est le symbole de l'écoulement, la sphère celui de la perfection.
Donc, un symbole désigne toute réalité qui en évoque une autre, absente ou abstraite, en vertu d'une correspondance implicite. la colombe est le symbole de la paix.
L'allégorie, elle, personnifie, donne des traits humains à une abstraction (la Justice, la Mort...).
Elle l'anime. Je vis cette Faucheuse, elle allait par les champs (Hugo) L'image de la faucheuse, qui désigne l'idée abstraite de la mort, permet de représenter cette dernière concrètement et en mouvement.
2. Les figures d'opposition
Elles rapprochent des termes ou des idées opposées. Elles permettent de créer des contrastes et de saisir le lecteur.
L'antithèse : rapproche deux mots, deux expressions ou deux propositions qui sont opposés au niveau de leur sens.
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas (Aragon)
Les termes opposés montait et en bas sont rapprochés dans le texte par « et ».
L'oxymore est un cas particulier d'antithèse : il associe de façon inattendue, à l'intérieur d'une même expression, deux éléments apparemment contradictoires et incompatibles.
Une seconde balle du 'même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé. Cette petite grande âme venait de s'envoler. (Hugo)
« petite » corrige par avance « grande âme » et laisse entendre l'affection de l'auteur pour son personnage, Gavroche.
3. Les figures d'insistance
La périphrase consiste à utiliser une expression plus longue que le mot propre qui suffirait ; elle a le plus souvent line valeur explicative.
La fille de Minos et de Pasiphaé (Racine,)
Phèdre est ici désignée à travers une expression qui permet d'insister sur son ascendance royale_
L'hyperbole désigne tout procédé d'exagération de l'expression ; elle peut passer : - par un mot (être d'une précision redoutable par une répétition
« Il est d'une précision, d’une précision ! »)..
4. Les figures d'atténuation
La litote est une figure qui consiste à dire moins pour laisser entendre plus.
Va, je ne te hais point (Corneille) –
Le personnage, Chimène dit peu à Rodrigue pour faire entendre beaucoup plus ! Dans la tragédie classique, une héroïne ne peut impudemment proclamer son amour à l'assassin de brutale.
5. Les figures de pensée et de construction
L'anaphore : c’est la répétition d'un mot ou d'un groupe de mots en début de phrase ou de membre de phrase .Ce procédé consiste à commencer des phrases, des paragraphes ou des vers par un même mot ou groupe de mots :
Il y a un vaisseau qui a emporté ma bien-aimée
Il y a dans le ciel six saucisses et la nuit venant on dirait des asticots dont naîtraient des étoiles.
Il y a un sous-marin qui en voulait à mon amour
Apollinaire
La répétition en tête de chaque vers de « y a » met sur le même plan les différentes réalités exprimées dans les vers : le rapprochement est ici source de dérision entre la perte de l'amour, les saucisses et le sous-marin...
Le chiasme : il place en ordre inverse deux termes identiques au niveau de la syntaxe pour les opposer ou les s unir.
Il succomba vivant, et mort il m'assassine. (Corneille)
A B B A
ABBA (A :verbe. B adjectif, B adjectif, A verbe). Associé à l'antithèse entre les deux adjectifs (vivant/mort), le chiasme met en avant la puissance de nuisance du personnage, même mort.
L'asyndète : consiste à supprimer le mot de liaison entre deux propositions. Elle peut ainsi exprimer l'ironie, le doute, la surprise...
On me l'a dit : il faut que je me venge (La Fontaine)
Le loup tire une conséquence illogique des bruits qu'on lui a rapportés au sujet de l'agneau. L'absence même du mot de liaison souligne l'absence de logique de son raisonnement.
L'antiphrase :laisse entendre le contraire de ce que l'on dit : elle permet d'attirer l'attention sur une réalité que l'on présente de manière surprenante par son contraire. Elle est en cela le support de l'ironie, qui suppose la complicité des lecteurs.
Rien n'était si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées.: (Voltaire)
Si les lecteurs connaissent la position de l'auteur contre la guerre, ils comprendront qu'il s'agit d'une antiphrase ironique.